Créer une SASU (Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle), c’est souvent faire le choix de la flexibilité. Contrairement à d’autres formes juridiques, ce statut permet au dirigeant de se rémunérer de différentes manières, selon sa stratégie financière et fiscale. Salaire, dividendes, rémunération mixte… chaque option a ses avantages et ses implications.
Mais comment s’y retrouver parmi ces possibilités ? Quels sont les impacts sur la fiscalité et les cotisations sociales ? Se rémunérer en tant que président de SASU ne s’improvise pas. Faisons le point sur les solutions à disposition et sur la meilleure stratégie à adopter pour optimiser son revenu sans alourdir inutilement ses charges.
Se rémunérer par un salaire : stabilité et protection sociale
La première option consiste à percevoir un salaire en tant que président. Ce choix est particulièrement adapté si l’activité génère suffisamment de revenus pour assurer une rémunération régulière.
Le régime social du président de SASU
En tant que dirigeant salarié, le président de SASU est affilié au régime général de la Sécurité sociale. Contrairement aux gérants de SARL, qui relèvent du régime des indépendants (SSI, ex-RSI), il bénéficie d’une protection sociale similaire à celle d’un salarié classique.
Cela signifie :
- Une couverture santé et des droits à la retraite comparables à ceux des salariés.
- La possibilité de cotiser pour le chômage si un contrat de travail distinct est signé (cas très rare en SASU).
- Des cotisations sociales relativement élevées, mais qui assurent une protection solide.
Combien coûtent les charges sociales ?
La contrepartie de ce statut avantageux est un coût social important. En moyenne, les charges sociales représentent 70 % du salaire net.
Par exemple, pour un salaire net de 2 000 euros :
- Il faut verser environ 3 400 euros de salaire brut.
- Le coût total pour l’entreprise (salaire brut + charges patronales) est d’environ 4 200 euros.
Ce coût peut sembler élevé, mais il garantit une protection sociale complète. C’est souvent la solution choisie pour les dirigeants qui veulent une stabilité financière et une retraite bien préparée.
Comment mettre en place un salaire ?
Pour se verser une rémunération en tant que président de SASU, il faut :
- Définir un montant dans le procès-verbal d’assemblée générale.
- Déclarer la rémunération auprès de l’URSSAF et des organismes sociaux.
- Établir des fiches de paie (obligatoire même pour soi-même).
C’est une solution qui demande un minimum de gestion administrative, mais elle est indispensable pour éviter des problèmes avec l’URSSAF en cas de contrôle.
Se rémunérer par dividendes : une alternative fiscale avantageuse
Les dividendes sont une autre manière de se rémunérer sans passer par un salaire. Ils sont versés à partir des bénéfices de l’entreprise, après déduction de l’impôt sur les sociétés (IS).
Comment fonctionnent les dividendes ?
Une SASU peut distribuer des dividendes uniquement si elle réalise un bénéfice et après approbation des comptes. Ils sont donc moins prévisibles qu’un salaire, mais ils offrent des avantages fiscaux intéressants.
Le régime fiscal des dividendes
Les dividendes sont soumis à la flat tax de 30 %, qui se décompose ainsi :
- 12,8 % d’impôt sur le revenu.
- 17,2 % de prélèvements sociaux (CSG, CRDS).
Contrairement au salaire, les dividendes ne génèrent aucune cotisation sociale, ce qui en fait une option plus légère en termes de charges.
Quels sont les avantages et les inconvénients des dividendes ?
Avantages :
- Moins de charges sociales qu’un salaire.
- Procédure administrative simplifiée (pas de fiche de paie, pas de déclaration sociale).
- Permet d’optimiser la fiscalité si les revenus sont élevés.
Inconvénients :
- Les dividendes ne sont versés qu’une fois par an et dépendent des bénéfices réalisés.
- Pas de couverture sociale (pas de cotisation pour la retraite ou la Sécurité sociale).
- Si l’entreprise ne réalise pas de bénéfices, il n’y a pas de dividendes.
Cette option est donc souvent privilégiée par les entrepreneurs qui disposent d’autres sources de revenus ou qui souhaitent optimiser leur fiscalité tout en limitant leurs cotisations sociales.
Une combinaison salaire + dividendes pour un équilibre optimal
Plutôt que de choisir entre salaire et dividendes, la meilleure solution est souvent de mixer les deux.
En pratique, cela signifie :
- Se verser un salaire minimal pour bénéficier d’une couverture sociale de base.
- Compléter avec des dividendes pour optimiser la fiscalité.
Un exemple concret
Imaginons une SASU qui génère 50 000 euros de bénéfices après charges.
Scénario 1 : Tout en salaire
- Un salaire brut de 50 000 euros revient à environ 30 000 euros nets après charges.
- Coût total pour la société : 65 000 euros avec les charges sociales.
Scénario 2 : Mi-salaire, mi-dividendes
- Un salaire de 25 000 euros (soit environ 1 600 euros nets par mois).
- 15 000 euros de dividendes après impôt sur les sociétés.
- Coût total pour la société : 50 000 euros environ, mais avec une fiscalité allégée.
Dans ce second cas, le dirigeant optimise ses revenus en limitant les charges tout en gardant une couverture sociale.
Le cas du président non rémunéré : une option risquée
Certains entrepreneurs choisissent de ne pas se verser de salaire au début pour alléger les charges et maximiser les investissements. Cette solution peut être temporairement intéressante, mais elle comporte des risques.
- Aucune couverture sociale : Pas de cotisations, donc pas de droits à la retraite, ni de protection en cas de maladie.
- Dépendance totale aux dividendes : Si la société ne génère pas de bénéfices, aucun revenu possible.
C’est une option envisageable pour les premiers mois d’activité, mais elle doit être remplacée dès que l’entreprise atteint un certain niveau de stabilité.
Trouver le bon équilibre selon sa situation
Se rémunérer en tant que président de SASU demande une réflexion stratégique. Chaque option a ses avantages et ses contraintes, et le choix dépend de la situation financière de l’entreprise et des besoins du dirigeant.
- Le salaire offre une stabilité et une protection sociale, mais avec un coût plus élevé.
- Les dividendes permettent d’optimiser la fiscalité, mais ne garantissent pas de revenus réguliers.
- Une combinaison des deux permet souvent de trouver le bon équilibre.
Avant de prendre une décision, se faire accompagner par un expert-comptable est une bonne idée. Il pourra analyser la situation et proposer la meilleure stratégie pour maximiser les revenus tout en maîtrisant les charges.
Car après tout, une bonne rémunération ne se limite pas à un chiffre sur un compte en banque : c’est aussi une question de sécurité, d’optimisation fiscale et de pérennité pour l’avenir.
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